La génération Z, également connue sous les noms d’IGen, de natifs numériques ou de Zoomers, s’est développée dans un univers profondément connecté, marqué par une interaction quotidienne et intensive avec les médias sociaux. Pour générer l’engagement de la génération Z au travail, il ne faut pas percevoir cette dernière simplement comme une extension de la génération Y, car elle possède ses propres nuances et caractéristiques distinctives.
Contrairement à la génération Y, souvent décrite comme empreinte de confiance, d’optimisme et d’un certain sentiment de supériorité, la génération Z est traversée par une vague de pessimisme, d’insécurité et de doute, traduisant une sensation de perte de contrôle. Statistique Canada révèle qu’entre 2016 et 2022, l’optimisme chez les jeunes de 20 à 29 ans a chuté de 15 %. Nous avions observé cette même hausse du niveau de détresse psychologique chez la génération Z dans l’édition 2022 de notre enquête. Cette baisse d’optimisme semble révéler un profond désarroi chez les jeunes, qui perçoivent la planète comme étant au bord du gouffre et le système comme uniquement profitable à une élite fortunée.
Cette génération se caractérise par son immersion dans un contexte technologique, économique, social et environnemental unique, qui façonne des individus connectés, émotifs et désinhibés. Tout en partageant certaines bases avec les générations antérieures, la génération Z se distingue par ses particularités et sa propre interprétation du monde.
Diversité et ouverture de la génération Z
Les jeunes de la génération Z grandissent dans un monde où la diversité et l’ouverture d’esprit sont valorisées, comme en témoignent le mariage pour tous, la légalisation de la marijuana, la reconnaissance des réalités transgenres, l’élection du premier président noir aux États-Unis et la candidature de la première femme à la présidence. Ces marqueurs sociaux suggèrent un ralentissement dans le passage à l’âge adulte, interrogeant le sens même de ce que signifie être adulte aujourd’hui et quels modèles et qualités sont nécessaires pour s’y définir.
La retraite est perçue comme un concept de plus en plus obsolète, avec une espérance de vie et une période d’activité professionnelle s’allongeant, obligeant les jeunes à s’adapter à cette nouvelle réalité. Dans un monde où s’entremêlent niveaux de relations, économie globale et technologie omniprésente, recevoir son premier téléphone intelligent constitue un rite de passage significatif. Cependant, cette hyperconnectivité semble aussi engendrer un sentiment de solitude et de mal-être, exacerbé par un temps passé en ligne qui diminue les interactions en personne et affecte la qualité du sommeil, menant à une augmentation des cas de dépression.
La génération Z face à l’instabilité
Née dans un monde frappé par l’instabilité et l’accélération des crises, la génération Z a appris à naviguer à travers un paysage marqué par la guerre, le terrorisme, l’inflation, les récessions économiques et les crises environnementales. Cette exposition précoce à la dure réalité, souvent illustrée dans des œuvres de fiction comme “Hunger Games” et “Divergent”, imprègne leur perception du monde. La préparation à des situations d’urgence, telles que les confinements scolaires en prévention de fusillades, est devenue une réalité quotidienne, soulignant une atmosphère d’insécurité.
En réponse à ce climat d’anxiété, les espaces sécurisants ou “safe spaces” émergent dans les milieux de travail, offrant un havre de paix pour réduire le stress et l’anxiété. La pression constante de la productivité, dans toutes les sphères de leur vie, place les jeunes dans une situation où ils doivent sans cesse prouver leur valeur. Le phénomène des “slashers”, adopté par la génération Y, se poursuit chez les Z, illustrant une instabilité professionnelle croissante et la nécessité d’une adaptabilité permanente face à un marché du travail précaire.
Hyperconnectivité et créativité chez la génération Z
Pour la génération Z, la technologie est omniprésente, rendant tout intelligent et connecté. Contrairement à la génération Y, pour qui l’accès à Internet était un privilège, pour les Z, il représente un droit fondamental. Cette facilité d’accès à la technologie encourage une créativité sans précédent et annonce une ère de changements rapides. Les Z, véritables natifs numériques, utilisent la technologie non seulement pour consommer de l’information mais aussi pour créer et partager, redéfinissant ainsi leur rapport au monde numérique.
La dispersion de l’influence à travers les individus plutôt que concentrée dans les grands médias entraîne un déséquilibre du pouvoir et la propagation de fausses informations. Les communications anonymes et éphémères remettent en question le respect de la vie privée. Dans cet océan d’informations, démêler le vrai du faux devient un défi constant.
La génération Z, tout en étant expressive et ouverte au dialogue, ne défie pas directement l’autorité comme le faisait la génération Y. Ils privilégient la collaboration, la tolérance et l’adaptabilité, et sont poussés par une quête de créativité et d’innovation. Dans un monde où les échanges sont instantanés, ils valorisent l’accessibilité et l’interaction directe, sans contraintes de temps ou d’espace.
La quête de sens de la génération Z
Authenticité, sincérité et exemplarité sont des valeurs clés pour les Z, dans un contexte où l’apparence prime mais où tout mensonge peut être rapidement exposé grâce aux médias sociaux. Ils aspirent à trouver du sens dans leur travail et leur vie personnelle, privilégiant des emplois qui ont un impact réel sur la société. Cela reflète une volonté de contribuer positivement au monde, en dépit d’un contexte souvent perçu comme incertain et instable.
Les attentes différentes de la génération Z
On associe souvent les changements de générations à des événements sociaux majeurs : la fin de la Deuxième Guerre mondiale, la fin de la guerre froide, une crise économique mondiale ou une épidémie. Parfois, on dit qu’une nouvelle génération nait avec l’arrivée d’une nouvelle technologie : le téléviseur, le micro-ordinateur, l’Internet ou les réseaux sociaux), mais on peut difficilement dire que ces changements affectent une génération plus qu’une autre. Oui, les jeunes qui sont nés avec un téléphone intelligent dans leurs mains sont peut-être plus habiles que les plus vieux, mais nous avons tous appris à s’en servir. Mais est-ce que tout est une question d’âge?
À ce jour, aucune étude scientifique n’a encore permis d’associer des attentes professionnelles à des groupes d’âge. En fait, il semble plutôt que ce à quoi s’attendent les gens d’un travail satisfaisant est davantage lié aux stades d’évolution de leur vie et de leur carrière qu’à leur année de naissance. En effet, il semble normal qu’une personne en début de carrière privilégie davantage les possibilités d’avancement et de formation qu’un travailleur expérimenté. De la même façon, il est logique de penser qu’un employé d’expérience accorde plus de valeur à la possibilité d’avoir un poste qui lui permet de mettre davantage à contribution ses habiletés. Donc, il est fort possible que les attentes actuelles des Z face au travail évoluent dans temps pour ressembler à celles des générations précédentes.
Actuellement, lorsqu’on compare les attentes des différentes générations pour qu’un emploi soit satisfaisant, on observe un clivage entre ceux nés en 1978 et avant (Baby-boomers et génération X) et ceux nés en 1979 et après (génération Y et génération Z).
Ainsi, les réponses de plus de 3 300 répondants au test enviAB révèlent que les plus âgés privilégient surtout des valeurs organisationnelles partagées, des tâches correspondant à leurs compétences et leurs habiletés, la localisation géographique de même qu’un encadrement respectueux du supérieur immédiat. De leur côté, les jeunes priorisent la possibilité d’avoir un horaire adapté à leur réalité (équilibre travail et vie personnelle), les possibilités d’avancement ou la possibilité d’obtenir des responsabilités plus importantes ainsi que les occasions d’apprentissage et de formation.
Par ailleurs, l’absence d’intérêt pour des valeurs organisationnelles partagées chez les Z peut étonner, mais quand on connaît leur grande sensibilité aux questions de diversité, d’équité et d’inclusion, on comprend mieux que pour 97 % des Z, le respect des valeurs individuelles a priorité sur l’adhésion aux valeurs d’un groupe. Ainsi, le respect des différences a préséance sur l’uniformité de l’ensemble selon notre sondage en ligne effectué en février 2024 auprès de 240 répondants nés entre 1995 et 2012.
Quant à la recherche de stabilité d’emploi, on comprend que les Z ne veulent pas toujours faire la même chose, bien qu’ils désirent obtenir un peu de stabilité professionnelle dans un monde très instable. On peut simplifier en affirmant qu’ils recherchent la flexibilité du pigiste avec la sécurité du permanent. Hantés par la peur de manquer quelque chose, ou le FOMO (Fear of Missing Out), ils veulent s’assurer de maintenir une stabilité d’employabilité en continuant de développer leurs compétences dans le temps afin d’avoir la possibilité de s’épanouir autrement lorsque le moment sera jugé opportun. À cet effet, notre sondage révèle que les Z prévoient rester dans un employé satisfaisant 4 ans avant de changer de poste et 9 ans avant de changer d’entreprise. Et n’oubliez pas que ce n’est pas parce qu’un jeune employé part, qu’il ne souhaitera pas éventuellement revenir chez vous puisque 88 % des Z se disent ouverts à revenir chez un ancien employeur. Avant de réembaucher un employé boomerang, il peut être judicieux pour un employeur de valider certaines informations avec des questions du genre : « Tu as mentionné avoir quitté pour… Comment vois-tu les choses depuis? » ou « Certaines choses ont changé depuis ton départ, comment penses-tu t’adapter? »
On observe aussi une diminution de l’importance de l’encadrement superviseur dans les attentes des Z. Cela s’explique en partie par le fait que ces derniers ne ressentent pas le besoin d’avoir un gestionnaire puisqu’on est tous égaux. Sachant que la satisfaction au travail est une responsabilité partagée entre l’employé et son superviseur, il est intéressant pour ce dernier de découvrir les facteurs de motivation de ses employés et adapter son approche en conséquence.
Conclusion et réflexions sur l’engagement de la génération Z au travail
En résumé, la génération Z navigue dans un monde complexe et changeant, marqué par l’hyperconnectivité, l’instabilité et une quête de sens. Comprendre leurs perspectives, défis et aspirations est essentiel pour les accompagner efficacement vers l’avenir. Ce panorama détaillé de la génération Z révèle une jeunesse résiliente, créative et en quête de changement positif, malgré les nombreuses difficultés qu’elle rencontre.