La pandémie mondiale a bouleversé notre façon de travailler, forçant de nombreuses organisations à adopter le travail à distance comme la norme. Cela a soulevé des questions fondamentales sur la nécessité du retour au bureau une fois la situation de la santé publique revenue à la normale. Mais avant de décider de ramener tout le monde en présentiel, il est essentiel de se rappeler que, bien avant les mesures de confinement, la conciliation entre la vie professionnelle et personnelle était déjà l’attente numéro un pour un travail satisfaisant chez les employés des générations Y et Z et qu’elle figurait aussi dans le TOP 5 des attentes parmi les travailleurs de la génération X ainsi que chez les Baby-boomers.
L’adaptation des modes de travail pour répondre aux besoins individuels et organisationnels est donc essentielle pour attirer, mobiliser et fidéliser les employés de toutes les générations. En nous forçant à repenser nos modèles de travail traditionnels, la pandémie nous a ouvert à de nouvelles possibilités et aujourd’hui, le « retour à la normale » n’est plus acceptable.
Il existe maintenant une panoplie de moyens pour faciliter la conciliation et voici comment la génération Z priorise leur premier (du moins au plus populaire).
Travail au bureau à 100 %: Dernier choix de la génération Z
Sans grande surprise, le travail au bureau à 100 % arrive au dernier rang parmi les moyens qui améliorent la conciliation entre le travail et la vie personnelle. Selon l’édition 2024 de notre enquête sur la génération Z, 31 % des Z en font leur dernier choix. Bien que cela facilite la collaboration et la communication, renforce la culture d’entreprise et simplifie l’accès aux ressources de l’organisation, le manque de flexibilité dans la gestion de l’horaire de travail ainsi que les coûts et les pertes de temps reliés aux déplacements augmentent le stress ce qui milite contre le travail en présentiel à 100 %.
Travail contractuel
Avec la montée de différentes plateformes qui facilitent la « gig economy », le travail contractuel qui permet de choisir les projets sur lesquels on veut travailler offre le summum de l’autonomie et de la flexibilité. Cependant, ça ne semble pas fait pour tous les Z qui redoutent l’insécurité d’emploi, les variations de revenus ainsi que l’absence d’avantages sociaux.
Congés sabbatiques
Pouvoir prendre une pause prolongée pour se ressourcer ou poursuivre des projets personnels tout en conservant une sécurité d’emploi est une option non négligeable. Bien sûr, cela nécessite une planification, car elle implique une perte de salaire durant l’absence et elle peut impliquer une surcharge de travail pour soi (avant et après le congé) ou pour les collègues (durant l’absence).
Temps partiel
Travailler moins d’heures chaque jour ou moins de jours par semaine offre du temps pour d’autres activités ou responsabilités, ce qui réduit le stress. Cependant, plusieurs Z sont préoccupés par la baisse de revenus ou la limitation des opportunités de carrière qui en résultent.
Travail hybride
On pourrait croire que le travail hybride est une bonne stratégie pour faciliter la conciliation travail et vie personnelle puisque ni le travail au bureau à 100 % et ni le télétravail à 100 % n’est l’option chouchou des Z. Ce n’est pourtant pas le cas. Bien que cette option semble combiner le meilleur des deux mondes en comblant à la fois les besoins d’autonomie et de collaboration, à l’usage on constate une hausse du risque d’inégalités entre les employés à distance et ceux en présentiel et une gymnastique complexe pour définir les attentes.
Télétravail à 100 %
À l’opposé du travail au bureau à 100 %, les Z ne privilégient pas pour autant le travail à distance à 100 %. Seulement 6 % en ont fait leur premier choix dans notre enquête. Ainsi, l’isolement, la difficulté à séparer la vie professionnelle et personnelle et un espace de travail pas optimal (ergonomie, connexion Internet…) pèsent plus lourd dans la balance que les économies de temps et d’argent ainsi que la flexibilité maximale de pouvoir travailler dans un environnement personnalité.
Pour minimiser les inconvénients du télétravail sur l’engagement, les organisations peuvent adopter plusieurs stratégies :
- Créer des espaces virtuels de collaboration et de socialisation à l’aide d’outils de communication qui favorisent les interactions informelles entre collègues.
- Organiser des rencontres en personne périodiques ou des retraites d’entreprise pour renforcer les liens, améliorer la cohésion d’équipe et combattre le sentiment d’isolement.
- Offrir un accès à des services de soutien psychologique, des programmes de bien-être ou des ateliers sur la gestion du stress.
- Établir des politiques claires de télétravail (heures de travail, disponibilité, délai de réponses aux courriels…)
- Permettre aux employés de personnaliser leur horaire de travail en fonction de leurs besoins personnels et professionnels.
- Reconnaître les réalisations des employés malgré à distance.
- Proposer des formations sur l’organisation du travail à domicile, la gestion du temps et l’utilisation efficace des outils de télétravail pour améliorer l’autonomie et l’efficacité.
- S’assurer que les employés ont accès à un équipement adéquat (ordinateur, chaise ergonomique, connexion Internet fiable) pour travailler confortablement et efficacement.
- Encourager le droit à la déconnexion.
Ces stratégies, combinées à une communication ouverte et régulière, peuvent grandement contribuer à atténuer les défis du télétravail et à en maximiser les avantages pour les employés et l’organisation.
Horaire fixe
On pourrait croire que d’avoir un horaire fixe ne facilite pas la conciliation, mais on oublie que cela procure une prévisibilité dans la planification des activités de toutes les sphères de sa vie en plus de faciliter la coordination entre les membres d’une équipe. Il y a bien sûr l’inconvénient du manque de flexibilité et c’est pourquoi cette modalité n’est pas parmi les favorites, mais le fait qu’elle soit privilégiée aux précédentes illustre que le moment pèse plus lourd dans la balance que l’endroit lorsqu’on veut faciliter la conciliation.
Workation
Bien qu’elle gagne en popularité en plus de faire rêver, la possibilité de télétravailler à l’étranger (« workation ») se situe au 8e rang parmi les onze stratégies sondées auprès des Z (20 % l’ont même placé dernier!) Bien sûr, la possibilité de combiner travail et loisir dans des endroits exotiques fait saliver, mais les coûts et démarches associés ainsi que le nombre de distractions potentielles si on n’a pas une bonne discipline de travail refroidissent les ardeurs de plusieurs.
Les adeptes du travail en présentiel ou hybride argumentent que la socialisation au travail à un impact sur la satisfaction et l’engagement des ressources humaines. En effet, une étude approfondie menée auprès de 17 719 personnes a révélé que la socialisation au travail a un impact significatif sur l’humeur des gens. Cependant, il est important de noter que la durée de ces interactions importe moins que la qualité de l’événement lui-même.
L’étude a également constaté que l’impact sur l’humeur diminuait d’environ 25 % lorsque la socialisation se faisait à distance via la technologie. Cela souligne l’importance de la proximité physique et des interactions en personne pour le bien-être des employés.
Certaines activités, telles que faire de l’exercice ensemble ou partager un repas, ont montré les impacts les plus forts sur l’humeur des employés. Ces moments de connexion renforcent les liens entre les membres de l’équipe et contribuent à une atmosphère positive au travail.
Si on veut accroître l’engagement et la productivité au travail, il faut être intentionnel dans notre présentiel. Se retrouver tous dans des cubicules à faire du Zoom à longueur de journée n’est pas la solution.
Aussi, je trouve que les employeurs prônent souvent le retour au bureau pour tous sans distinction sur la mauvaise prémisse que les rencontres autour de la machine à café où on échange sur les derniers rapprochements dans Occupation Double vont consolider l’équipe et accroître la productivité.
En effet, une autre étude a montré que les interruptions non liées au travail ont un effet négatif sur l’engagement des employés et n’améliorent pas la collaboration. C’est encore plus vrai pour ceux qui ont besoin d’espace mental et dont les tâches nécessitent de la réflexion ou une grande concentration.
En revanche, les interruptions liées au travail ont un impact positif à la fois sur l’engagement et la collaboration des ressources humaines. En effet, même si les interruptions liées au travail peuvent sembler déroutantes, elles créent des opportunités d’apprentissage et de croissance. Ces interactions favorisent l’échange d’idées et la résolution de problèmes, ce qui contribue à l’engagement des membres de l’équipe.
Congés personnels
À défaut de pouvoir avoir un horaire flexible, les Z vont privilégier les congés personnels pour faire face aux aléas de la vie : une naissance, aider un proche malade, le décès d’un être cher, effectuer un retour aux études à temps partiel, prendre une retraite progressive ou simplement pouvoir assister au spectacle de son enfant à l’école. Pouvoir gérer des imprévus ou des besoins personnels favorise grandement le bien-être. Évidemment, cela nécessite une bonne gestion, car un usage excessif peut impacter la productivité de l’organisation.
Semaine compressée
Pourquoi forcer les gens à travailler cinq jours par semaine lorsque les résultats sont là pour prouver que cela n’est pas nécessaire? Voilà la question que plusieurs Z (et d’autres) se posent. Ainsi, l’enquête révèle qu’un travail à temps complet réparti sur trois ou quatre jours est l’option favorite de 18 % des répondants de la génération Z. C’est pourquoi de nombreuses organisations dans le monde ont déjà franchi le pas en testant la semaine de quatre jours de travail. Elles ont adopté le principe du 100-80-100 (100 % du salaire, 80 % du temps de travail et 100 % de productivité). Les résultats sont éloquents : aucune entreprise n’a souhaité revenir à l’horaire de cinq jours.
Des projets pilotes menés au Canada ont révélé une réduction significative des jours de maladie et une augmentation marquée de la satisfaction des ressources humaines grâce à une semaine écourtée de travail. Les employés se sentent plus épanouis et moins stressés lorsqu’ils bénéficient d’un jour de repos supplémentaire par semaine. Cela se traduit par une réduction des taux d’absentéisme et une augmentation de la productivité au travail. Fortes de ce succès, ces entreprises ont adopté un programme national de réduction du temps de travail, soutenu par le Centre of Excellence, pour encourager d’autres organisations canadiennes à travailler de manière plus intelligente et moins longue.
L’essentiel de cette transition est de se concentrer sur les résultats. Les employés peuvent être plus productifs et satisfaits en travaillant moins d’heures, à condition que leur temps soit utilisé de manière efficace et intentionnelle.
En tant que gestionnaire, vous pouvez mettre en œuvre ces changements de manière progressive. Commencez par évaluer les besoins de votre équipe et la nature de votre travail. Si la semaine de quatre jours de travail est une option viable, envisagez de la mettre en place de manière pilote et mesurez son impact sur la satisfaction des employés et la productivité au travail.
Encouragez également l’intentionnalité au bureau en instaurant des pratiques de gestion du temps claires. Faites en sorte que chaque réunion ait un objectif précis et encouragez vos employés à établir des priorités pour maximiser leur efficacité et leur engagement.
La question que chaque gestionnaire ou professionnel en ressources humaines doit se poser est : qu’est-ce qui empêche votre organisation de passer à la semaine de quatre jours? Il est temps de revoir les normes établies et de repenser l’expérience employé ainsi que la manière dont le travail est effectué.
Horaire flexible
En plus d’être la meilleure façon de concilier le travail et la vie personnelle selon les Z (36 % en ont fait leur premier choix), avoir un horaire flexible permet aux employés de travailler quand ils sont le plus productifs. Ce ne sont malheureusement pas tous les environnements de travail qui s’y prêtent en plus de compliquer la planification de réunions et de nécessiter une bonne gestion du temps.
Conciliation: la gestion des horaires
Un des irritants soulignés le plus souvent par les gestionnaires à propos des Z est la gestion des horaires et les demandes de congé ou de remplacements de dernière minute.
C’est souvent perçu comme un manque d’engagement envers l’organisation, un détachement vis-à-vis l’assiduité au travail ou même un manque de respect envers l’autorité.
Partons de l’hypothèse que ce n’est pas de la mauvaise attitude et essayons de comprendre ce qui fait défaut. Pour ce faire, présentez de façon objective les faits reprochés, précisez les conséquences de ces manquements sur vous (le gestionnaire), sur les collègues, sur l’organisation, sur les clients et même sur la société, le cas échéant.
Par exemple, lorsqu’un employé vous avise d’une absence à la dernière minute parce qu’il vient tout juste de se faire offrir des billets de spectacles, rappelez-lui que cela aura des conséquences sur vous (lui trouver un remplaçant), sur ses collègues (se faire mettre de la pression pour changer ses plans à la dernière minute pour le remplacer), sur l’organisation (perte de revenus suite à la fermeture d’un secteur s’il ne peut être remplacé) et sur les clients (plaintes).
Probablement que vous n’arriverez pas à le faire changer d’idée cette fois-ci, mais espérons qu’il y réfléchira par deux fois dans le futur.
Impliquez ensuite l’employé dans la recherche de solutions. Dans ce cas, l’attitude idéale du gestionnaire est en dehors de tout jugement négatif sur l’employé. Il s’agit plutôt de déterminer comment vous pouvez ensemble trouver une façon pour éviter que ces situations se produisent trop souvent.
Cela étant dit, le gestionnaire ne doit pas hésiter à agir rapidement lorsqu’il y a un problème de performance parce que souvent l’employé concerné (et possiblement plusieurs de ses collègues) sait qu’il éprouve des difficultés bien avant que le gestionnaire ne s’en soit rendu compte. Sans vouloir menacer l’employé de quelque façon que ce soit, il est important pour le gestionnaire de jouer franc jeu et de faire connaître à la personne les conséquences de l’absence des résultats souhaités. Rappelez-vous que vous n’êtes pas candidat à un concours de popularité et que votre travail est de reconnaître et développer vos employés en toute intégrité.